Éditeur : Flammarion
176 pages
La belle Stéphanie s’est voulue artiste et libre ; elle a fui la médiocrité d’une vie rangée, aimé sans liens, élevé seule sa fille et… fermé les yeux sur le vide de sa vie. Le jour où elle les ouvre le choc est terrible. Comme elle n’a pas le courage de se tuer, elle brade son existence en toc et s’anéantit dans un mariage « arrangé » et provincial. Suicide ? Métamorphose ? La Bovary aurait frémi devant ce destin qui est à peu près l’inverse du sien. James Gressier n’a pas hésité à raconter à travers Stéphanie l’histoire de gens qui n’en ont pas. Et l’a fait avec une simplicité digne des plus grands romanciers.
Valérie Hanotel.
Quand je suis encore là, la mort n’y est pas encore, et lorsqu’elle arrive, c’est moi qui n’y suis plus, prêchaient en substance les Epicuriens pour exorciser l’angoisse que leur inspirait la mort. Belle parade que l’on pourrait appliquer au suicide, anéantissement de soi pour ne plus avoir à faire face, à supporter. Délivrance du suicide ?…
Celui de Stéphanie est autrement pervers, autrement cruel, autrement terrible. Une jeune femme un jour, lassée de n’avoir rien réussi, rien gardé : ni sa fille, ni ses amants, ni sa peinture, décide de se suicider dans les bras musclés d’un balourd vieillissant dont elle sera la femme à modeler comme on dit la pâte à modeler.
Et plus Stéphanie se donne et s’abandonne, plus elle se laisse couler au moule, plus elle s’éloigne, plus elle se défait, plus elle se reconquiert et atteint ces hauteurs de l’esprit qui frôlent le détachement, voire la béatitude.
Elle assiste à sa mort avec la sérénité des presque bienheureux.
A petites touches, à petits pas, ce livre impressionniste vous précipite au fond du désespoir, de l’absurde, celui que nous frôlons sans cesse. Remarquable et bouleversant deuxième roman, Le Suicide de Stéphanie est un livre profondément métaphysique et totalement troublant.
Michèle Gazier.