Lièvre numéro 1 : Romans, essais, etc.

Couverture du livre "Le Légat Holigon" de James Gressier

Découvert par Jean-Claude Brisville, le premier livre de James Gressier, histoire d’une fin du monde, vit le jour en mai 68 au cœur chaud d’une grève générale qui renvoyait aux calendes grecques les opinions et commentaires de la presse parisienne.
Néanmoins un article, suivi de plusieurs autres, paraîtrait en pleine crise française dans La Libre Belgique. Son auteur, Pierre Pirard, journaliste éclairé bien qu’habillé de noir, viendrait de Bruxelles à Paris pour rencontrer deux jeunes auteurs, James Gressier et Patrick Modiano, les deux seuls écrivains français qui, selon lui méritaient qu’on les lise dans l’année d’un délire qu’on eût cru plus fécond. On connaît le destin de Patrick Modiano qui accéderait au Prix Nobel. Concernant James Gressier, la France compenserait ce retard qu’elle avait pris sur la Belgique par un article de Paul Morelle publié en automne aux pages du Monde des Livres. Au printemps qui suivrait, un prix d’Académie récompenserait l’ouvrage. Hôte désormais du Panthéon, Maurice Genevoix n’était encore, à cette date aujourd’hui lointaine, que Secrétaire Perpétuel sous cette coupole moins haute mais surmontée d’un dôme qu’on voit du Pont des Arts. Comme au seuil d’une porte entrouverte, serrant la main du jeune auteur , Maurice Genevoix dirait : « Nous attendons la récidive ».
Mais récidive qui tarderait. A mi-chemin des lettres et des arts, James Gressier a deux cordes à son arc et peut-être une de trop. Hésitant à choisir, il s’obstine à chasser deux lièvres par des landes et des marécages où les tortues vont droit au but. Après l’escapade artistique, chaque remords littéraire est un retour à la case départ. Chaque livre de James Gressier, soit roman ou essai est le premier de sa sorte, le départ d’une nouvelle carrière, éternelle nouveauté.

L.P.